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dimanche 12 avril 2020

L'étiquetement correct d'un autre temps.

Bonjour mon lecteur !
S'il n'est de plus évolutif dans notre société c 'est bien le tatouage. il est partout sensible,sensitif et regrettable parfois. mais qu'en est il de son évolution ?
Pas de reportage ici, point d'étude.
Un regard sur son parcours en quelques années a travers mon expérience de tatoué.
Mon tout premier est parti d'un envie de cacher une honte, une mauvaise vie, dissimuler mes états
face à une société qui déjà ne voulait que du monsieur propre.
L'époque ne prête guère à la fantaisie et à l'originalité. Nous sommes dans les années 80, des Seguella, des soirée Palace. Pour autant le tatouage n'a pas sa place, mais qu'importe.
J'ai 17 ans alors je me fous de vous tous, de vos opinions et de vos conseils.
J'ai 17 ans libre d'aller franchir cette frontière déjà chaotique à ma disposition, à mes humeurs.
Le tatouage ne représente rien. Il est dans la marge et seul deux tatoueurs à paris s'en font les ambassadeurs. qui sont ils ?
Le plus réputés Bruno à Clignancourt et le second Etienne, rue de la roquette dans le 12 ème arrondissement où j'ai vécu quelques années.
Pour anecdote, puceaux parisiens qui pensent avoir la ville à vos mains vous connaissez si peu de la flamme incandescente, flamboyante et chaude comme un quartier de banlieue que cette ville vous abandonne à une ambiance sans âme, sans rien. mais c'est un autre sujet.
Le tatouage et son regard social impardonnable de jugement et d' échecs social programmés, car il est réservé aux pariats, aux légionnaires, aux bikers de l'époque, des Hell's Angels exclusivement. Pas de Harley pour bobos ni youpis de cette période.

Qui est le youpi ? Un type qui gagne de l'argent, jeune ce qui n' est pas une honte et qui s'achète une Harley 883 sortie en grande série et qui roulent dans Paris, non pas en cuir mais en costume cravate sur leurs machines bruyantes qui attirent l'oeil dans les quartiers chics.
La vie offre des paradoxes. Rien ne dit que ces bikers ne soient des quartiers riches pas plus que les "remontés à la pendule" ne soient des quartiers. La banlieue n' existe pas à ce moment là, elle gronde mais paris à déjà tout ça à l' intérieur.

Paris a une vie encore populaire beaucoup d 'artisans habitent des appartements modestes, il existe encore de vrais faubourgs, noms délicieux mais désormais inscrits sur quelques plaques de rues. Mais qu' on est loin de cette ville, de cette âme.
Je vous parlai tatouage.  Ce passage à l' impardonnable, à l'insurrection, à l'inavouable, à la fraction, à la révolution social.
Je suis frêle et bien portant, je ressens qu'à travers les gifles de ma bourgeoisie je suis autrement, je suis nouveau, mais difficile.
Après avoir remonté, descendu, être passé cent fois devant ce tout petit pas de porte je finis par franchir cette frontière vers l' inconnu, le danger, le non retour. sans avoir la moindre idée de ce que je fous là.
Une envie d'aller au delà de mon carcan, de ce qu'on dit, de ce que disent " les vieux".

Je suis très jeune et un peu mal barré.
J'ouvre la porte et un type de petite taille assez sec, regard franc me dit " salut" il a la tête de Cat Stevens, cheveux ondulés, très tatoué mais l'air sympa. rapidement je lui explique mon projet inspiré de Kung fu, le feuilleton. Ses bras brulés.
Je veux 2 tatouages sur l'intérieur de mes avant bras.
Lui, il s'en fout mais il est pas con. Il entame une discussion sur le regard social, durant ce moment pédagogique je l' observe, et il apparait qu'il est tatoué jusque' à l' intérieur des mains. Il est très sympa Elvis, il chope rapidement mes dérives, il en a vu d'autres.
La toute toute  première fois n' est pas le jour ou je suis passé à l'acte, il tatouait un légionnaire sur le  sternum où il imprimait à vie un crucifix sur lequel était écrit : "J' ai pas eu Dien bien fu j'aurais Moscou".

Il a fait du chemin ce légionnaire, tant de choses sont posées sur des corps sans appropriations réelles, vide de sens pour soi même. Finalement on écrit on demande à laisser sur nos peaux autre chose qu' un simple dessin, on le porte on l'assume , on le regrette parfois,  hélas. Le mieux c'est dire ce qu'il représente pour nous, le tatoueur est un passeur.

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